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Peut-être avez-vous croisé sur la route des larges bandes de peinture verte, devant la ligne d’arrêt des autos, sans savoir quoi faire avec ça ? Ça, c’est le «SAS vélo»: un dispositif simple et efficace aux bénéfices multiples pour l’ensemble de la société. En effet, le «refuge» cycliste aux intersections est un aménagement incontournable des planificateurs urbains. Il a pour objectif de vous faciliter la vie aux intersections en augmentant votre sécurité.

Dans cet article, on vous en présente les principes généraux et les avantages attendus. On terminera également avec des exemples et un rapide mode d’emploi pour utiliser ces astucieux couloirs cyclistes.

Définitions et principes

Qu’est-ce qu’un «sas vélo»?

Statistiquement, les accidents impliquant des cyclistes (ou des piétons) arrivent plus souvent aux croisements. En réponse à cela, le sas vélo a d’abord été créé pour remplir une fonction de sécurité routière. En effet, le rôle des aménagements -dédiés aux cyclistes ou autres- est de les placer adéquatement dans la circulation, d’en fluidifier les déplacements.

Ainsi, le «sas vélo» est une zone strictement réservée aux cyclistes aux intersections régies par des feux de circulation. Elle est située en avant de la ligne d’arrêt des véhicules et s’étend sur toute la largeur de la voie ou des voies. Elle s’arrête au passage piéton. Le sas vélo est très distinctement délimité par de la peinture verte, des marques au sol «vélo» et deux bandes d’arrêt blanches. Souvent, on y retrouve des flèches de direction. Les cyclistes peuvent ainsi se placer devant les autres véhicules à moteur.

  • Les cyclistes sont mieux vus et voient mieux ;
  • Le sas permet le tourne-à-gauche plus facilement et avec une plus grande sécurité ;
  • En démarrant avant les véhicules à moteur, les cyclistes s’insèrent mieux et sont mieux perçus;
  • Le refuge vélo évite aux cyclistes (et aux piétons) de respirer les gaz d’échappement des véhicules motorisés;
Aménagements cyclistes : connaissez-vous les «sas vélo» ?

Les autres bénéfices

Cette planification urbaine a des bénéfices «connexes» pour l’ensemble des usagers de la société.

D’abord, l’éloignement des véhicules de l’intersection -et de fait du passage piéton- augmente la sécurité. Les piétons sont mieux vus par les camions, les (maudits) camions-«légers» ou VUS, et généralement des automobilistes. Les enfants par exemple, sont rendus plus visibles et se situent hors des angles morts. La traversée de rues achalandées en est conséquemment plus confortable. Un sas vélo rend donc la ville plus «marchable».

Par extension, on se permet d’écrire que le sas vélo bénéficie aussi aux conducteurs. Si on se souvient qu’un sas est d’abord un lieu de transition entre des zones de différentes pressions ou atmosphères, cet aménagement permet en effet de diminuer la tension. On l’a déjà dit, lorsque les conducteurs voient bien, identifient les usagers vulnérables, savent où se positionner et où vont se positionner les autres, alors ils plus relaxes. Concentrés sur la tâche de se déplacer calmement, on émet l’hypothèse que leur stress est diminué, bénéficiant à leur santé.

    En bref :

  • apaisement de la circulation (vitesse réduite au démarrage par exemple);
  • dégagement visuel des intersections = diminution des «angles-morts»;
  • une ville à échelle plus humaine, plus agréable à pied ;
  • moins de stress pour les automobilistes.

Comment les utiliser ?

Il n’est pas nécessaire d’implanter des sas vélo partout. Ils sont utiles essentiellement aux intersections supportant un trafic élevé, rapide ou si la chaussée a plusieurs voies de circulation. Du point de vue cycliste, ils sont quand même très intéressants pour relier des axes cyclables : on en voit beaucoup autour des REV et cela augmente sérieusement l’envie de prendre son vélo pour se déplacer.

C’est bien plus intéressant et logique d’utiliser un sas vélo que de devoir se comporter en piéton. Par exemple, sur la photo ci-dessous, la rue Jean-Talon pour aller en direction de St-Dominique et rejoindre les axes cyclables. On utiliserait volontiers un sas vélo pour tourner. Entre autres aménagements, parce que cette intersection est particulièrement peu humaine. L’auto y est reine !

Aménagements cyclistes : connaissez-vous les «sas vélo» ?

Fonctionnement du sas

Lorsque le feu est rouge :

sas-vélo

Sas-vélo-Aménagements-cyclistes-Montréal

Arrivant sur la rue Saint-Hubert et voulant tourner vers l’ouest sur le REV Bellechasse, je m’arrête au feu rouge et emprunte le sas vélo pour me déplacer devant les autos. Je signale par un petit geste mes intentions aux autres cyclistes et je m’assure que le conducteur de l’auto m’a vu et compris avec un contact visuel.

Lorsque le feu est vert, je pars et effectue mon virage à gauche.

Lorsque le feu est rouge :

En auto, je m’arrête avant la ligne blanche d’arrêt. Je stoppe le véhicule et n’avance plus avant que le feu soit au vert.

Je laisse les cyclistes se déplacer dans le sas vélo. Rien ne m’empêche de leur demander poliment leurs intentions si celles-ci ne sont pas claires.

Lorsque le feu passe au vert, j’attends que les cyclistes soient en mouvement, puis qu’ils aient effectués leur manoeuvre pour avancer.

Simple, non ?

Un autre exemple : l’avenue Sainte-Croix à Montréal

On vient de passer sous la métropolitaine, on se déplace vers le nord. Une belle piste cyclable nous permet de passer par cette zone de circulation dense.

L’aménagement séparé s’ouvre pour une bande cyclable. Les voitures pourront aller à gauche, à droite, ou tout droit à la prochaine intersection. La peinture verte permet de rappeler la présence des cyclistes aux automobilistes si facilement distraits.


Chaque usager a maintenant une voie de circulation dédiée. On note qu’il n’est pas prévu que les cyclistes se rendent à cette épicerie. De toute évidence, ils n’y sont pas encouragés. Dommage pour les marchands !

Les cyclistes peuvent ainsi se positionner à l’intersection pour aller tout droit ou pour tourner à droite. Une fois que l’angle mort a été vérifié, le véhicule à moteur peut se positionner dans la voie de droite pour tourner et ensuite s’arrêter avant la ligne d’arrêt. La zone verte est strictement réservée aux cyclistes voulant tourner à droite.

Le sas latéral

Dernier exemple de sas vélo, le sas latéral est une zone où la personne en vélo s’arrête une fois qu’elle a traversé la rue pour attendre le feu vert et compléter un virage vers la gauche.

Je suis sur le REV Bellechasse en direction de l’est. Je veux tourner sur la rue Saint-Hubert, vers le nord. Je traverse et me positionne sur le sas latéral, du côté droit de la chaussée.

Je suis à l’abri de la circulation venant de Bellechasse et se déplaçant vers l’ouest. Je suis en avant des véhicules arrêtés au feu rouge sur la rue Saint-Hubert. En étant également légèrement à droite de la piste cyclable, je n’empêche pas les autres cyclistes de continuer tout droit vers l’est de la rue Bellechasse.

Lorsque le feu passe au vert, je peux compléter ma manoeuvre et prendre la rue Saint-Hubert en toute sécurité.

sas-latéral-aménagements-cyclistes-montréal

Commentaires

À Montréal, la plupart des sas vélo ne fonctionnent bien que lorsque le feu est rouge. Rares sont les exemples de passages cyclistes autorisant «en toute sécurité» le déplacement des cyclistes «à travers» les voies des automobilistes. De plus, ce n’est vraiment pas dans les usages de permettre aux vélos de sortir de la piste cyclable, de rentrer dans le trafic et ensuite de se déplacer vers une voie de gauche. L’exemple ci-dessus de l’avenue Sainte-Croix illustre bien la paradoxe. Dans cette zone, la culture du char rend le passage des cyclistes assez peu agréable : il y a encore du travail, mais ça fonctionne quand même plutôt bien pour celles et ceux qui sont plus expérimentés. On le voit aussi sur les captures d’écran : la peinture doit être impeccable et on ne peut que déplorer que les lignes sont repeintes que très tardivement au printemps.

Les aménagements complétement séparés sont les meilleurs pour faciliter l’adoption du vélo comme moyen de transport. Lorsque l’on pense aux REV par exemple, il est fréquent de devoir s’arrêter aux feux rouges, que l’on veuille poursuivre sa route tout droit ou bien tourner vers l’une ou l’autre direction. Même si on peut vouloir plus de fluidité et moins d’arrêts, les distances couvertes entre deux intersections sont telles que l’expérience de déplacement est plutôt positive.

En utilisant adéquatement les sas vélo, on permet une meilleure expérience des cyclistes. Il faut que les automobilistes soient plus sensibilisés à ces aménagements, tant il est vrai qu’ils empiètent très souvent sur les sas. Une mission prochaine pour le SPVM à vélo, si prompt à sanctionner des cyclistes sur des pistes cyclables mais qu’on ne voit à peu près jamais sanctionner ce genre d’infractions. Suggestion amicale.

Documentations et références

Le Devoir, «Les sas vélo, ou l’art d’imposer l’harmonie», 4 mai 2015.

Vélo Québec, «Vélo sympathique : aménagements aux intersections».

Maison de la Sécurité Routière du Doubs, «Fiche 28 – le sas à vélo».

Ville de Montréal, «Vélo et pistes cyclables».

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