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Mario Dumont a eu une montée de lait contre le vélo hivernal en direct à la télévision cette semaine. L’argumentaire utilisé était tellement primaire, démagogue, désinformé et sensationnaliste qu’il est à se demander si on devait prendre même une minute de notre temps pour répondre.
Qu’à cela ne tienne, le groupe Facebook Vélo d’Hiver Montréal et les gens sur le hastag Twitter #VeloMTL ne se sont pas faits prier et ont signé ce texte répondant aux détracteurs du vélo hivernal.

Il ne sera pas passé inaperçu aux habitants des grandes villes québécoises, et en particulier de Montréal, que le vélo d’hiver fait de plus en plus d’adeptes. Ce phénomène prend de l’ampleur, et les médias s’interrogent: « Doit-on encourager le vélo quatre saisons? ».

 Le sérieux et l’honnêteté des journalistes n’étant pas toujours au rendez-vous, nous souhaitons dénoncer bon nombre de contre-vérités utilisées pour discréditer les cyclistes qui continuent à se déplacer en vélo pendant les mois d’hiver.
·         « Le vélo en hiver, c’est dangereux »
La « dangerosité » du vélo en hiver dépend avant tout de la surface des chaussées empruntées. Or, au cours d’un hiver typique, les jours où les surfaces sont vraiment difficiles à pratiquer (accumulation de neige trop importante ou chaussées rendues glissantes suite au verglas) se comptent sur les doigts d’une main. Généralement, dans les trois jours suivant une tempête de neige, les grandes artères sont parfaitement déblayées, voire sèches. Cela laisse de 80 à 90% de l’hiver pour rouler dans des conditions équivalentes aux autres saisons. Un éclairage adéquat et des vêtements adaptés font le reste.
La majorité des cyclistes hivernaux sont des gens responsables. Ils adaptent leur équipement et leur conduite aux conditions hivernales, tout comme les automobilistes : ils ralentissent, tournent avec plus de prudence. IIs n’encourent pas plus de risques que les automobilistes, dont les lourds véhicules bénéficient aussi d’une moindre adhérence. Les seuls risques qui se présentent aux cyclistes sont le fait d’usagers de la route qui méconnaissent le code de la sécurité routière: distance de dépassement non sécuritaire, portières ouvertes brusquement, virages non signalés.
·         « Le vélo, ce n’est pas fait pour l’hiver »
De nombreux pays, tels que le Danemark ou la Finlande, aux hivers aussi rigoureux, ont réussi à maintenir un haut taux de cyclisme en hiver (seulement 30% de baisse par rapport à la pratique estivale) grâce à des infrastructures adaptées. Le mouvement “vélo d’hiver” prend aussi rapidement de l’ampleur en Amérique du Nord, avec des communautés importantes de cyclistes hivernaux dans plusieurs grands centres urbains exposés aux mêmes rigueurs que Montréal, comme Calgary et Minneapolis/St-Paul. Si les citoyens qui se déplacent à vélo étaient traités avec les mêmes égards que les autres usagers (pistes cyclables déneigées aussi rapidement que les routes et trottoirs alors qu’elles sont non-prioritaires), nul doute que de nombreux adeptes du vélo étireraient leur saison au-delà du 15 novembre. Les pistes cyclables apportent un environnement sécuritaire indéniable pour les cyclistes.
·         « Et pourquoi pas tant qu’on y est permettre les traîneaux à chiens/les skidoos? »
N’en déplaise à certains, le vélo n’est pas seulement un loisir, il est également, et avant tout pour de plus en plus de Québécois, un mode de déplacement, au même titre que l’automobile, le transport en commun ou la marche. Pour certains, de surcroît, le vélo est l’outil de travail principal, leur gagne-pain. Nous ne demandons donc pas à ce qu’on accommode notre passe-temps, mais bien nos besoins de déplacement. Été comme hiver, le vélo est une alternative de déplacement souvent plus rapide, moins coûteuse et bonne pour le moral! Son faible impact environnemental est un bonus mais c’est le côté utilitaire qui l’emporte chez un nombre grandissant d’usagers du vélo.
·          « Nous on nous oblige à mettre des pneus d’hiver, pas eux »
Les cyclistes aussi préparent leur véhicule en vue de l’hiver, en le dotant de pneus adaptés aux conditions de la chaussée, voire de pneus à clous, et en adaptant les pièces du vélo pour en réduire l’entretien. Certains vont jusqu’à se préparer un vélo qui ne sert que l’hiver.
·         « Pourquoi la société devrait-elle payer s’ils se blessent alors qu’ils prennent des risques? »
Une étude menée par le  British Medical Journal a montré que les bénéfices associés à la pratique du cyclisme (moindre risque d’obésité, de diabète et de maladies cardio-vasculaires) étaient 77 fois supérieurs aux risques pour la santé. Si on exclut les problèmes de pollution, ce ratio augmente à 415. Une société qui pédale fait donc globalement des économies en santé!
De plus, faire porter aux cyclistes la responsabilité des accidents est tendancieux : les accidents qui font de véritables dégâts sont ceux dans lesquels il y a collision avec un véhicule automobile. Les responsabilités sont donc souvent partagées entre cyclistes, automobilistes et planificateurs urbains qui ne permettent pas à ces usagers de cohabiter sans risque! Quant à la prise de risque, elle est du même niveau pour les cyclistes que pour les autres usagers de la route.
·         « Les cyclistes prennent de la place sur la route»
Le code de la sécurité routière reconnaît le vélo comme un mode de transport. Si les cyclistes sont contraints d’emprunter d’avantage les routes en hiver, c’est que la majorité des pistes cyclables ne sont pas déneigées. Elles sont donc impraticables, non seulement pour les cyclistes, mais aussi pour les piétons ou les usagers de transport en commun. Faute d’entretien, les abords des arrêts d’autobus sont gelés et glissants comme sur la rue Saint-Urbain ou la Côte Sainte-Catherine.
N’oublions pas également que des personnes sur les vélos, ce sont des véhicules en moins dans les embouteillages et des usagers en moins dans les transports en commun à l’heure de pointe, lorsque le réseau est à saturation. Été comme un hiver, le vélo est un élément parmi d’autres pour réduire la charge sur les autres modes de transports qui débordent actuellement. Il peut être frustrant pour un conducteur de devoir ralentir momentanément derrière un cycliste. Mais en ville, cyclistes et automobilistes se retrouvent toujours au prochain feu de signalisation.
En définitive, il nous semble que le vélo ne pourra jamais être une alternative crédible aux modes de transport plus polluants si on le cantonne à une pratique d’été. Si un ménage est contraint de garder une auto pour se déplacer les 2 à 3 mois les plus rigoureux de l’année, alors on vient de perdre la chance de réduire la congestion routière et les problèmes de stationnement en milieu urbain. Toute société qui souhaite vraiment s’attaquer à ces problèmes devrait permettre aux citoyens qui le souhaitent de continuer à se déplacer en vélo à l’année longue.
Ont signé ce texte : Cédric Jamet, Natacha Migneault, Luc Poulette, Isabelle Dionne, André LeBon, Magali Bebronne, Éric Lévesque, Benoît Deshayes, Lucie Corbeil-Labont, John Gosset, Stéphane Guidoin, Fabrice Lai et 8 autres membres des groupes Facebook Vélo d’Hiver Montréal et Twitter #VeloMTL

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