Mon tout premier hiver à vélo était quelque chose. J’ai roulé sur des pneus de vélo hybride, assez basiques. Je ne travaillais pas encore chez Dumoulin Bicyclettes. Lorsque j’y suis rentré, j’ai été encouragé par mes collègues et par toute la communauté cycliste d’alors, de choisir les Schwalbe CX Pro. Des pneus de cyclo-cross très tendres et sculptés pour aller chercher l’asphalte en dessous de la neige. C’était alors LA solution ! Selon moi, autant d’adhérence sur la route qu’un muffin dans un moule en téflon enduit de Pam. On me disait : « c’est normal. Tu chutes toujours deux ou trois fois par hiver. Ça fait partie de la game. Tu vas voir, tu vas t’améliorer et tes aptitudes aussi».
Je me souviens par exemple d’une chute mémorable dans une petite rue transversale particulièrement traitresse… Ou encore de ce carrefour Saint-Denis-Bellechasse, que je redoute particulièrement, où une plaque de glace sous un peu de neige m’a carrément envoyé au tapis… au milieu du trafic. Puis vous savez, ce petit feeling vraiment désagréable lorsque vous roulez, ce «zou zou gliss gliss», qui vous fait soudainement convoquer les anges du ciel pour que ça passe et que non, votre roue avant ne décide pas de «foutre le camp» parce que la route est cahoteuse. Pas super pour la confiance !
Père et mari, mon identité a évolué vers une entité plus calme et sereine, mais aussi plus prudente : la chute n’est plus une option et elle n’est plus «inévitable». Je l’ai remise à sa place, d’où elle ne devrait jamais sortir : celle du hasard malheureux et rarissime.
La chute n’est plus une fatalité : vive les clous !
Le craquement des clous sur l’asphalte me rassure. Quelque part, il me rappelle que je dispose d’une intelligence supérieure dans le règne animal : l’adaptation. Verglas, pluie, neige fine, neige mouillée et lourde, glace… les conditions sont changeantes, je suis toujours prêt. Lorsqu’il rencontre un sillon glissant, mon pneu suit la pente, et sans hésiter établit le contact pour passer et avancer. J’ai commencé par un pneu à clous à l’avant et un CX pro à l’arrière. De temps à autres cependant, mon pneu arrière chassait. Je décidai d’éliminer complètement ce glissement et me voilà «clouté» avant/arrière, loin d’être cloué sur place.
Pour moi, me déplacer est avant tout une affaire de simplicité, d’esprit pratique. Mon «véhicule» doit être fiable et toujours prêt. Il doit servir ma liberté de mouvement et me simplifier la vie. Pour ne pas me restreindre, je dois ressentir un certain confort sur la route. La sécurité, ou plus exactement, le sentiment de sécurité conféré par mes pneus à clous, mes lumières, mes bons freins, mes pédales, tout cet ensemble me procure le confort. Otez-moi un de ces éléments et je me sens vulnérable.
J’ai confiance dans mes pneus, je roule ! Équation simplissime, n’est-ce pas ?